La Maison Perrotte a été créée en 2016 mais vous avez commencé les confitures bien avant, en 2013, pourquoi s’être lancé dedans ?
J’ai démarré les premières confitures durant l’été 2013.
A ce moment-là, nous avions avec ma femme plusieurs boulangeries-pâtisseries.
Après avoir tout perdu à cause des conseils d’un faux expert-comptable j’ai démarré en novembre 2013, dans la cuisine de la maison sous le statut d’auto-entrepreneur avec le peu d’économie qu’il nous restait.
Je me suis lancé dedans car les premiers retours dans nos anciennes boutiques étaient plutôt très favorables, que cela ne nécessitait pas des investissements lourds en termes de matériels et d’hygiène car à la suite de la liquidation de l’entreprise, on savait très bien que les banques ne nous suivraient plus et qu’il y avait urgence, pour rebondir, pour notre famille.
Après seulement deux ans dans le milieu de la confiture, vous avez reçu le prix de Champion de France de confiture en 2014 et Champion du monde en 2015, quel(s) sentiment(s) cela procure(nt) ?
Un sentiment relativement simple puisqu’à l’époque nous étions, avec ma famille, à l’aide alimentaire.
Cela m’a juste conforté sur le fait que ma vision de ce produit était sans doute la bonne mais le 28 septembre 2014 et le 23 août 2015, soit les lendemains de ces titres, j’étais, de nouveau, devant mes bassines, comme chaque jour depuis avec pour seule ambition de bien faire et de satisfaire les personnes qui apprécient nos produits.
Pourquoi avoir choisi le nom de Maison Perrotte en 2016 ? Y avait-il déjà l’idée d’un lieu où on travaille en famille ?
Quand il a fallu passer du statut d’auto-entrepreneur au statut sociétal et n’ayant pas l’égo suffisant pour mettre mon nom et prénom en avant, j’ai choisi Maison Perrotte car je me souviens que, dans le temps, les boucheries, charcuteries et les boulangeries-pâtisseries se prénommaient « Maison ».
L’idée aussi était que, comme une maison, nous allions grandir et donc forcément accueillir d’autres personnes sous notre toit, qui à leur tour permettront de faire grandir la Maison Perrotte.
Nous passons beaucoup de temps au travail et j’aime cette idée d’esprit de famille.
Vous êtes engagé vis-à-vis des producteurs et vous faites de votre mieux pour l’environnement, était-ce déjà votre vision dès le début de l’aventure ?
J’avais déjà cette vision de partenariat avec des producteurs et aussi essayer d’avoir le moins d’impact sur l’environnement.
Nous travaillons chaque jour grâce à nos producteurs et Dame Nature. Il est donc pour moi inconcevable de ne pas les respecter.
Concernant les producteurs, la démarche est simple. Je ne négocie jamais les prix et c’est eux qui décident quand ils me livrent. Je veux juste le meilleur ! Cela est basé sur les rapports humains et la confiance.
Ce sont nos producteurs qui sont dans les vergers, ils sont donc les mieux placés pour connaitre la maturité des fruits.
Concernant le prix, si nos producteurs et agriculteurs ne vivent pas de leur travail, comment pouvons-nous réclamer et parler pour notre pays d’autosuffisance ?
Nous sommes, certes, un peu plus cher mais il y a une raison humaine, éthique mais surtout de bon sens.
Nous ne sommes pas parfaits mais chaque année nous essayons d’améliorer les choses au sein de Maison Perrotte en fonction de nos moyens car nous restons une petite entreprise artisanale.
Vous travaillez aujourd’hui avec les plus grands chefs de la gastronomie mais également avec de nombreuses épiceries fines, comment vous êtes-vous fait connaitre ?
Au début, je n’avais pas de moyen, je voulais juste réussir à vivre de mon travail et à faire vivre ma famille.
Le modèle le plus économique était bien-sûr l’utilisation des réseaux sociaux mais très chronophage en temps.
Il y a eu aussi et surtout le bouche à oreille qui est sans doute le meilleur outil de communication (il démontre la qualité de nos produits et le sérieux de notre service).
Enfin, quelques sorties en mode « confi-trotteur » où je remplissais un sac à dos avec des pots et je partais pendant un ou deux jours faire découvrir mon travail.
Avez-vous une anecdote ou une histoire à raconter sur le début de cette aventure ?
Je me rappelle surtout les débuts à la maison, où, après une journée de production et s’être occupé avec ma femme de notre famille, nous nous mettions sur le canapé avec des caisses de pots à étiqueter à la main.
Souvent, nos enfants nous aidaient aussi.
Cela fait 10 ans que l’aventure a commencé, avez-vous un petit mot à dire à vos partenaires et vos clients ?
Je reprendrai un petit proverbe normand « Grand diseux, petit faiseux », alors se sera un simple MERCI, d’être là chaque jour pour nous fournir le meilleur et pour être les ambassadeurs de notre savoir-faire artisanal.
C’est grâce à vous que Maison Perrotte existe !